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I,

NADÈGE

GREBMEIER

FORGET

I, est une exposition qui vise à réfléchir au médium de la performance en altérant les codes de la représentation et en reconfigurant la dynamique entre l’artiste, le spectateur et l’œuvre. Il s’agit d’explorer comment cette discipline, alors que diffusée dans un format d’exposition, peut redéfinir la fonction de l’objet, créer un espace de narration complexe et interroger l’attitude et la hiérarchie performative.

 

L’œuvre présentée répond à une carte blanche qui a été offerte à l’artiste avec comme seules contraintes d’avoir des collaborateurs et de prendre en compte l’espace d’exposition. Nadège Grebmeier Forget propose un résultat inédit où l’environnement presque vide est pleinement investi d’une réflexion sur le partage des récits pluriels pouvant découler de ces actions performatives. 

La pratique artistique de Nadège Grebmeier Forget provoque une réflexion sur la consommation sous-jacente à l’acte de regarder et aux relations de pouvoir qu’il implique. Son travail s'inscrit dans une préoccupation particulière pour la réappropriation et le rôle de la documentation et des technologies comme moyens d'accès à son corps performant.

La performance

Martha Rosler,

Semiotics of the Kitchen

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le twerk peut-il être féministe ?

Cosmic Ass 

de Fannie Sosa

Féminisme & postmodernisme

« CETTE ÉCRITURE NE PARDONNE PAS

QUI ÉLARGIT LE CENTRE OUVRE LE CERCLE

EXPULSE AU LARGE LE DISCOURS

DÉCOUPE LES ENTENTES TACITES

LES ÉVIDENCES DU DIVAN / DU PLAISIR / DE LA RAISON »

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Nicole Brossard, Le Cortex exubérant, 1974

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entre code et code l'espace est illusoire

point de lieu propre à la dénonciation

la terminologie modifie

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le code s'infiltre
la moindre tentative finit par rompre

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désormais le sens en a deux

un de trop
l'artifice est inévitable

 

voilà comment 

Nicole Brossard, Suite Logique, 1991

« Le postmodernisme, depuis Lyotard, est souvent défini à partir de ce projet de remise en question des grandes idéologies et de relativisation de la neutralité apparente des structures de pouvoir. Cette même préoccupation est au cœur du mouvement féministe, dont l’objectif est de mettre à nu, de questionner et de renverser le système politique prétendument neutre qu’est le patriarcat. »

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LADOUCEUR Moana, « Limites de la déconstruction. Les traces persistantes du patriarcat dans The Babysitter de Robert Coover », dans Les pensées « post- », Féminismes, genres et narration, collection Figura n°26, Presse de l’Université du Québec (PUQ), Montréal, 2011, p. 18

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Lucie Sequin,

Les Mots-étreintes

« Post-feminism » (Whelehan 1995)

« Postfeminism » (Brooks 1997; Gamble 2000)

« Postféminisme » (Rail et Lafrance 2004)

« New feminism » (Walter 1998)

« Néo-féminisme » (Descarries 1998 : 193)

« Third wave feminism »

« Métaféminisme » (Saint-Martin 1992)

sont autant de notions qui essaient de circonscrire ce qui, selon certaines chercheuses, apparaît comme un « tournant » (Badinter 2003 : 11-19) ou comme un « paradigmatic shift from 1970s to 1990s feminism » (Barrett et Phillips 1992 : 6).

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Denisa-Adriana Oprea, « Du féminisme (de la troisième vague et du postmodernisme) »

Subvertir le magazine féminin

« Tel est ce monde d'Elle : les femmes y sont toujours une espèce homogène, un corps constitué, jaloux de ses privilèges, encore plus amoureux de ses servitudes ; l'homme n'y est jamais à l'intérieur, la féminité est pure, libre, puissante ; mais l'homme est partout autour, il presse de toutes parts, il fait exister ; il est de toute éternité l'absence créatrice, celle du dieu racinien : monde sans hommes, mais tout entier constitué par le regard de l'homme, l'univers féminin d'Elle est très exactement celui du gynécée.

Il y a dans toute démarche d'Elle ce double mouvement : fermez le gynécée, et puis seulement alors, lâchez la femme dedans. Aimez, travaillez, écrivez, soyez femmes d'affaires ou de lettres, mais rappelez-vous toujours que l'homme existe, et que vous n'êtes pas faites comme lui : votre ordre est libre à condition de dépendre du sien ; votre liberté est un luxe, elle n'est possible que si vous reconnaissez d'abord les obligations de votre nature. Ecrivez, si vous voulez, nous en serons toutes très fîères ; mais n'oubliez pas non plus de faire des enfants, car cela est de votre destin. Morale jésuite : prenez des accommodements avec la morale de votre condition, mais ne lâchez jamais sur le dogme qui la fonde. »

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Roland Barthes, « Romans et enfants », Mythologies

Nadège Grebmeier Forget, performance Oxymorons (2015)

« Le journal Elle (véritable trésor mythologique) nous donne à peu près chaque semaine une belle photographie en couleurs d'un plat monté : perdreaux dorés piqués de cerises, chaud-froid de poulet rosâtre, timbale d'écrevisses ceinturée de carapaces rouges, charlotte crémeuse enjolivée de dessins de fruits confits, génoises multicolores, etc.

Dans cette cuisine, la catégorie substantielle qui domine, c'est le nappé : on s'ingénie visiblement à glacer les surfaces, à les arrondir, à enfouir l'aliment sous le sédiment lisse des sauces, des crèmes, des fondants et des gelées. Cela tient évidemment à la finalité même du nappé, qui est d'ordre visuel, et la cuisine d'Elle est une pure cuisine de la vue, qui est un sens distingué. Il y a en effet dans cette constance du glacis une exigence de distinction. »

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Roland Barthes, « Cuisine ornementale », Mythologies

Nadège Grebmeier Forget, performance La Chandeleur (2012-2013) 

(+ texte Donner corps de Dominique Sirois-Rouleau)

1. La Jeune-Fille est la figure du consommateur total et souverain ; et c’est comme telle qu’elle se comporte dans tous les domaines de l’existence.

2. La Jeune-Fille est la forme la plus pure des rapports réifiés; elle en est donc la vérité.

3. La Jeune-Fille est le condensé anthropologique de la réification.

4. La Jeune-Fille conçoit sa propre existence comme un problème de gestion qui attend d’elle sa résolution.

5. La Jeune-Fille est un absolu : on l’achète parce qu’elle a de la valeur, elle a de la valeur parce qu’on l’achète. Tautologie de la marchandise.

6. La Jeune-Fille sait si bien la valeur des choses.

7. Le caractère rachitique du langage de la Jeune-Fille, s’il implique un incontestable rétrécissement du champ de l’expérience, ne constitue nullement un handicap pratique, puisqu’il n’est pas fait pour parler, mais pour plaire et répéter.

8. La Jeune-Fille n’existe qu’à proportion du désir que l’ON a d’elle, et ne se connaît que par ce que l’ON dit d’elle.

9. L’amour de la Jeune-Fille n’est qu’un autisme à deux.

10. Parvenir à « réussir à la fois sa vie sentimentale et sa vie professionnelle », certaines Jeunes-Filles affichent cela comme une ambition digne de respect.

11. La Jeune-Fille court après la santé comme s’il s’agissait du salut.

Selon la Jeune-Fille : Aujourd’hui, ne pas souffrir n’est plus un luxe, c’est un droit.

12. La Jeune-Fille ne vieillit pas, elle se décompose.

13. La Jeune-Fille n’est pas là pour qu’on la critique.

Le manifeste de la jeune fille d'Olivier Choinière (2017)

L'intime et le public

ARIANE THÉZÉ, La latitude 23° sud - longitude 46° ouest, photographie, 105 x 105 cm, 1993

«LE NARCISSIME COMME DISPOSITIF D'UN ART VIDÉOGRAPHIQUE ; L'image du miroir et l'image écranique de soi »

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ARIANE THÉZÉ, Le corps à l'écran, éditions de la Pleine Lune, Québec, 2005, p. 169

NATACHA MERRITT, Digital Girly

« À cette précarisation de la frontière entre la sphère publique et l’intime, répond une autre tension qui joue un rôle majeur dans les représentations du corps à l’écran : celle, précisément, qui est induite par l’utilisation de l’écran en tant qu’interface de visualisation. »

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SIMON BROUSSEAU, Le corps dans le cyberespace

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