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L'argile + O et R : 29 et 30 août


Chroniques d’expériences


Pour cette dernière fin de semaine du volet « Open cuisine », les deux activités présentées se sont orientées sous un même dénominateur commun, celui de l’expérimentation. Si, tout au long du mois d’août, on a pu découvrir une variété d’initiatives citoyennes et nourricières, les deux dernières conférences ont clairement poursuivi dans le même horizon : la conservation des aliments dans l’argile et l’objet convivial conçu pour l’apéro. Sujets originaux, mais qui conservent tout de même leur part d’essais… et d’erreurs!


Nous l’avons particulièrement constaté dans le cadre du laboratoire du collectif Jarre, constitué de Gabrielle Falardeau et Élyse Leclerc. Installées dans le sous-sol d’Espace Projet durant tout le mois d’août, celles-ci ont proposé différentes expérimentations de conservation des aliments dans l’argile influencées de pratiques ancestrales et déclinées en six expériences : aquarium rempli d’argile liquide, trempage dans l’argile, capuchon d’argile, jarre en argile, cruche à rebords en argile et billes d’argile.

Évidemment, il s’agissait d’un laboratoire dans lequel les idées premières peuvent s’avérer être un échec. Pour nous en avertir, en entrant dans le laboratoire argileux, une fiche sur laquelle est inscrite la définition du mot « Erreur » nous accueille. À ses côtés, se retrouvent d’autres fiches sur lesquelles sont inscrites les observations quotidiennes des deux chercheuses. Leur but : trouver des combinaisons propices à un équilibre parfait entre l’humidité, la lumière et la température.


La conférence de samedi dernier fut l’occasion pour les deux expérimentatrices de raconter aux citoyens leurs « chroniques d’expériences », interceptées, au fil de la discussion, par d’autres témoignages. L’événement a vite tourné à un partage d’expériences où chacun exposait le récit de ses expérimentations. Au final, sur les six tests proposés par les deux femmes, un seul fut vraiment concluant : les billes d’argile comme moyen de conservation des fines herbes. À essayer!


Le laboratoire Falardeau-Leclerc nous a appris plusieurs choses, tant sur les mesures de conservation des aliments que sur nos capacités à réinventer notre rapport avec la nourriture. Il s’inscrit dans une réflexion marginale qui examine autrement nos orientations comestibles et qui agit dans les conjonctures que nous offre notre environnement immédiat. Qu’elles soient d’ordre culinaire, social, politique ou artistique, nos expérimentations deviennent nécessaires dans le paysage de l’humanité : elles « libère[nt] les expériences à travers les nombreuses formes d’implication qui lui donnent sens[1]». L’humain est un être poreux qui intègre à son existence la diversité des agencements qu’il découvre, au fil de ses essais et de ses erreurs.



La multifonctionnalité du minimalisme


Trop souvent, le design des outils culinaires est orienté vers un usage unique. Le catalogue IKÉA en est un témoignage éclatant. Même Benoit Lachapelle, finissant au baccalauréat de l’Université de Montréal en design industriel, le constate : il y a trop d’objets domestiques au design des plus original, certes, mais ô combien péremptoire.


Pour contrevenir au règne généralisé de la marchandise univoque, Benoit Lachapelle et sa collègue Marine Lastère se sont prêtés durant tout le mois d’août à un travail d’expérimentation de plateformes multifonctionnelles aux formes minimalistes. Ce fut pour eux l’occasion de penser et concevoir des combinaisons de plateaux destinés à des usages variées qui traduisent les intentions de leurs usagers.

Adaptant la matière brute ou composite (bois, corian, silicone) à un design minimaliste, les plateformes du duo Lachapelle-Lastère se prêtent particulièrement bien au moment convivial et populaire de l’apéro, ce moment de la journée où le travail laisse place au loisir, à la rencontre, à la discussion et aux expériences détendues. Les objets s’emboîtent les uns dans les autres, facilitent et agrémentent l’expérience culinaire, proposent des agencements alimentaires personnalisés, s’adaptent aux intentions gourmandes de leurs propriétaires et improvisent avec les situations de partage les plus communes.

Même s’il ne s’agit là que d’une première étape, les plateformes de Lachapelle et Lastère nous ont convaincu de la pertinence du plateau, et surtout de sa versatilité. Pour ce faire, les deux designers nous ont proposé un buffet succulent mélangeant les saveurs de base des aliments à la physionomie du dispositif. Plus l’apéro avançait et plus les idées s’accumulaient : les propositions allaient s’incarner dans le dialogue pluriel de la conception. Le moment de l’apéro n’aura jamais été aussi bien pensé!





[1] Pascal Nicolas-Le Strat, « L’écosophie du projet », Expérimentations politiques, Montpellier, Fulenn, 2007, p. 84




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